Les bains-douches étaient installés dans le petit bâtiment coincé entre la maison d'habitation et les hangars (collection Odile Bouvier, née Kuci).
Antoine KUCI lors de son 80ème anniversaire en 1973 (photo parue dans L'Alsace du 31 mai 1973) |
Otilia KUCI, originaire du Chili. C'est elle qui tenait les bains-douches de Wintzenheim (coll. Odile Bouvier) |
Antoine KUCI, né le 29 mai 1893 à Slatina (Croatie), a fait partie d'un exode de jeunes qui quittent la Yougoslavie en 1910 pour "aller en Amérique". Il reste durant de longues années en Argentine, où il apprend le métier de maçon, puis, prenant un de ces petits trains qui traversent la Cordillère des Andes, il se retrouve dans un petit village portuaire, Tocopilla au Chili. C'est là qu'il rencontre en 1916 Otilia VENEGAS SEPULVEDA qui lui donnera 5 enfants. Ils ont 24 et 19 ans quand il l'épouse à Tocopilla le 1er février 1917. Neuf mois plus tard (04.11.1917) naît Lelja Milica, appelée Mila. Deux ans après (12.10.1919), vient un petit frère, Djuro Dragomir, appelé Drago. Puis encore une petite fille, Divita Ljubica (23.07.1921) qui décède à l'âge de 7 mois à la suite d'une infection (28.01.1922). La même année, le couple Kuci/Venegas quitte le Chili pour l'Europe et s'installe à Slatina, dans le village natal d'Antoine. C'est là que naît le petit Milan (23.07.1923) qui hélas, décède subitement à l'âge de 18 mois.
La famille Kuci/Venegas décide de regagner le Chili. Antoine part en premier avec l'intention de faire venir Otilia, Mila et Drago plus tard, quand il aura trouvé du travail et un logement. Mais le sort en décide autrement. Le renversement de leur histoire se fait le 25 mars 1925 à Colmar, de façon inopinée. En route pour le Chili, Antoine a une correspondance à Colmar pour Dunkerque où il doit prendre le bateau. En attendant son train, il se promène dans les rues de la ville et rencontre un ancien collègue alsacien, M. Kupfer, qu'il avait connu au Chili. Celui-ci lui conseille de faire venir sa famille en France, où le travail ne manque pas. Effectivement, dès le lendemain, Antoine trouve un emploi et il écrit une carte à sa petite famille pour l'inviter à le rejoindre au plus vite. Voilà comment les Kuci/Venegas ont atterri tout à fait par hasard à Colmar par un doux printemps de l'année 1925.
Cinq ans plus tard, à Colmar le 6 décembre 1930, jour de la Saint-Nicolas, naît Odile Nicole. En 1931, Antoine KUCI fonde sa propre entreprise de crépissage. C'est pour entreposer son matériel qu'il rachète le Bierkeller à Joseph Liechty en 1937. En 1941, en raison de la guerre, il arrête son entreprise et se lance dans la culture des champignons, avec les conseils précieux de M. Liechty. Il obtient le fumier des chevaux des casernes de Colmar. C'est aussi pendant la guerre qu'il transforme le bâtiment entre la maison et les hangars en bains-douches, où tant de civils et de militaires se sont baignés. Les samedis, ils sont le lieu de rendez-vous de la jeunesse de l'époque. On papote en attendant que l'eau du réservoir chauffe, alimenté par une énorme chaudière à bois.
Après la guerre, Antoine KUCI recrée une entreprise de maçonnerie et participe activement à la reconstruction de la commune de Holtzwihr. Son fils Drago aurait dû travailler avec lui, mais, malade des suites de la guerre (il fut interné par les Allemands lorsque le Chili a rompu ses relations diplomatiques avec l'Allemagne), il succombe le 10 novembre 1949, victime de la tuberculose, laissant une épouse et un enfant. Il vient tout juste de fêter ses 30 ans.
Folle de chagrin, Otilia veut une fois de plus retourner au Chili. Elle part avec sa fille Odile, 19 ans. Mais cette fois-ci, Antoine ne la suit pas. Sa fille Mila Kuci-Zink, qui habite au rez-de-chaussée de leur maison au Bierkeller (actuellement 48 rue Albert Schweitzer), s'occupe de lui. Otilia revient à Wintzenheim au bout de deux ans, quittant définitivement le Chili, son pays natal resté très pauvre.
Après les années 50, les bains-douches ont fermé leurs portes. En effet, la reconstruction a doté les nouvelles maisons de salles de bains, et les bains-douches n'avaient plus lieu d'être. Atteint par la limite d'âge, Antoine KUCI arrête son entreprise en 1959. Il aime le chant choral et est, plusieurs années durant, vice-président de la chorale d'hommes "Laurentia". Il s'adonne également à l'apiculture, et est décoré en 1972 de la "reine d'or".
Il décède en 1974, trois ans après son épouse.
(Source : Odile BOUVIER et Anita ZINK)
Otilia Venegas à l’âge de 8 ou 9 ans. Excellente élève, elle raflait tous les prix à l’école. |
Le 1er février 1917 ils se sont unis civilement à Tocopilla, village de pêcheurs au nord du Chili |
Otilia, née à Tocopilla le 1er août 1898, a passé au Chili une enfance malheureuse. Elle et son frère Maximo (Armando) ont perdu très tôt leur mère, Amélia Sepulveda, et ont été élevés par leur belle-mère qui, comme dans les contes, préférait de loin leur demi-sœur Thérésa. Petite fille, Otilia était très bonne élève, et quand l'instituteur conseilla à son père, Maximo Venegas-Leon, de l'envoyer en internat à l'école de la ville voisine qui préparait au cycle supérieur, Maximo répondit : " Ma fille ne quittera la maison que morte ou mariée". Pour quitter la maison Otilia opta pour la deuxième solution.
C’est en allant faire ses courses dans son petit village de Tocopilla au Chili que la jeune Otilia, 18 ans, a croisé le chemin d’un beau « gringo » blond aux yeux bleus… Elle l’a regardé furtivement, mais dès qu’il l’avait dépassée, elle s’est retournée pour le voir encore, et lui aussi s’était retourné... Quelques jours plus tard, ils se sont rencontrés à nouveau chez l’épicier yougoslave du village. Il lui a parlé en espagnol, ils se sont plus… et quelques mois plus tard, le 1er février 1917, ils se sont mariés. C’est ainsi que commença la saga de cette famille cosmopolite...
Arrivée en Alsace en 1925, elle rêve d'une bonne éducation pour ses deux enfants, et se met à travailler à l'usine. Grâce à son salaire, elle peut leur payer l'école privée, et ainsi réaliser son propre rêve…
En 1921 au Chili : Antoine KUCI et son épouse Otilia VENEGAS, avec leurs enfants Mila et Drago
Antoine Kuci écrit à Otilia restée à Slatina, pour lui demander de venir le rejoindre en Alsace avec les enfants...
Ma chère épouse, mes chers enfants,
je n’ai pas pu vous aviser plus tôt sur le déroulement de mon voyage. Il s’est
bien passé. Lorsque je suis arrivé ici, il y avait de la neige partout. Tu peux
t’imaginer l’effet que cela m’a fait. Je suis arrivé hier à une heure du matin,
et je suis allé à l’adresse qu’on m’a indiquée. J’ai entrepris de suite des
démarches pour trouver du travail. Aujourd’hui, j’ai marché toute la matinée, et
finalement, j’ai trouvé du travail avec un salaire de 2.970 francs par jour. Tu
peux dire aux personnes que cela intéresse qu’il y a beaucoup de travail ici,
mais il ne faut pas s’amuser. Le pays est très beau. Je n’ai pas pu changer
l’argent, c’est un peu compliqué, peut-être plus tard quand nous serons
ensemble. Réponds-moi Poste Restante à Colmar…
Djuro (Georges) KUCI |
Juliana LEMBACH, épouse de Djuro (Georges) KUCI avec l’une de ses filles à Slatina en Croatie |
KUCI Djuro & LEMBACH Juliana
KUCI Stjepan & Lojza
Josip & Rezika
Stjepan & Dragica
KUCI Lizika & Franjo
Ricika & Karlo
Gena & Misko
Julka & Baltazar
Anka & Drago
KUCI Antun & Otiljia
Mila & Joseph
ZINK
Drago & Henny
KUCI
Divita +
Milan +
Odile & Jean-Pierre
BOUVIER
KUCI Marija & Mijo
Terezja +
Regina +
Ivan & Anica
Rezika & Mato
Marika & Dragut / Albert
Stjepan +
Josko +
Helena & Josip
KUCI Johan & Marija / Marija
Ruziga & Kasimir
Silva & Ivek
Mada & Duro
Ivan & Marija
Maximo VENEGAS-LEON | Amelia SEPULVEDA ép. de Maximo VENEGAS-LEON |
1ères noces & SEPULVEDA Amelia
VENEGAS-SEPULVEDA Maximo Armando & SALAZAR Maria
Amelia & ?
VENEGAS-SEPULVEDA Otilia &
KUCI Antonio
Mila & Joseph
ZINK
Francis +
Edith
Rose-Marie
Christian
Bernard
Anita
Josiane
Myriam
Jean-Christophe
Drago & Henny
KUCI
Cosima
Divita +
Milano +
Odile & Jean-Pierre
BOUVIER
Françoise
Pascal
Isabelle
2èmes noces & BARRERA Leonor
VENEGAS-BARRERA Teresa & LAGOS Theofilo
Teresita & Pedro
Nelly & Micho
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