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Schiele Industriewerke : le témoignage de René Maurer


WintzenheimLe témoignage de René Maurer

(collection René Maurer)

A l’entrée de l’usine Schiele Werke, était posté le gardien (Werkschutz) dans son uniforme noir, qui contrôlait les laisser-passer. Puis on accédait à la salle des presses et des tours automatiques (ouvrier : Alfred Unternehr).

A l’arrière du bâtiment, dans la chaîne de montage placée sous l’autorité du chef d’atelier (Werkmeister) Rabe, travaillaient les femmes. Elles occupaient surtout des postes de soudure pour l’assemblage de petits ensembles électroniques. A côté de la chaîne, au contrôle-qualité (Prüfraum), travaillait Anne Knaus, la sœur du tailleur. Un jour, le chef de l’atelier des apprentis nous a demandé de réfléchir à un système empêchant les fers à souder de brûler les tables. C’est moi qui ai trouvé la solution : un petit support vissé sur la table, permettant de poser les fers en toute sécurité… Il y avait encore une forge, qui réalisait les grandes pièces d’outillage (ouvrier : René Schaffar), une menuiserie (ouvrier : Scheidecker), un atelier de peinture (ouvrier « Spritzlakierer » : Paul Zehler), et enfin un magasin où étaient stockées les pièces détachées.

Nous arrivons enfin à l’atelier où travaillaient les apprentis sous la responsabilité du chef Heintze et de son adjoint Joseph Ringenbach. Cet atelier était toujours impeccable, on apprenait à limer, à percer, et on réalisait des matrices pour les presses ainsi que des pièces détachées pour le montage. Dans cet atelier contrôlé par l’ingénieur Liebel, travaillait le tourneur François Hornischer, ainsi que Ernest Boeckler, qui montait des interrupteurs à leviers (Auslösungsschalter) dont l’utilisation nous était inconnue. Mais s’agissant de pièces hermétiques à l’eau, on pouvait imaginer qu’elles étaient destinées à des sous-marins… (apprentis : René Maurer, Alfred Steidinger, fils d’un contremaître allemand, André Dirninger de Wintzenheim, Théo Ratzmann de Colmar). Nos horaires de travail étaient raisonnables : 8 heures par jour, pas d’équipes de nuit, et l’ambiance était plutôt bonne. Les Allemands étaient sévères, très portés sur la propreté, mais corrects.

De nombreux ouvriers venaient de la vallée de Munster ou de la cité des jardins à Colmar (actuellement quartier Sainte-Marie). Ces derniers venaient en tram. Le directeur de l’usine, M. Röthy, nous disait souvent « Die Stolz von unserem Volk, sind unsere Lehrjunge », la fierté de notre peuple, ce sont nos apprentis, car un jour ils prendront la relève des anciens.

Vers la fin de la guerre, lors des alertes aériennes, les ouvriers couraient se réfugier dans les Bierkeller. Début 1945, l’entreprise a démonté les machines pour les rapatrier en Allemagne, surtout des automates. Mais elles ne sont pas allées bien loin : sur le pont du Rhin, les mitrailleuses des Jabos (Jagd Bombers, P-47 Thunderbolt) les ont prises pour cible et détruites.

(Source : propos recueillis par Guy Frank le 6 mars 2003)


WintzenheimRené Maurer

(photo Guy Frank, 2003)

Né à Soultz le 31 août 1929, René Maurer a fait son école primaire à Wintzenheim avant d’aller à l’École Pratique (Beruffachschule) de Colmar. A la fermeture de l’établissement en 1944, il est entré comme apprenti (Maschinenschlosserlehrling, Rüstungsgehilfe) dans l‘usine Schiele Industriewerke de Wintzenheim. Après la guerre, du 14 mai 1945 au 15 mai 1948, René a poursuivi son apprentissage d’ajusteur chez Brenckmann & Ittel à Colmar. Après une carrière bien remplie, il a pris sa pré-retraite en 1986, après 43 années de travail.



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